Projet d’enseignes de Montréal

 


Emplacement original

651 Rue Villeray


Lieu d’exposition actuel

MEM-Centre des mémoires montréalaises


Année d’acquisition

2011


Nous remercions

David Lank

Dumoulin Bicyclettes

Commerce situé au 651 de la rue Villeray, à l’angle de la rue Foucher, Dumoulin Bicyclettes a connu dans le quartier une vive popularité entre son ouverture en 1952 et son déménagement, rue Jean-Talon, en 2011. L’édifice qui l’abritait a depuis été démoli, et un immeuble en copropriété s’élève aujourd’hui à sa place.

Le magasin porte le nom de son propriétaire original, Gérard Dumoulin. Ce fervent du cyclisme avait créé sa propre gamme de vélos; il avait aussi écrit deux livres sur l’art de vivre à deux roues : Mon amie, ma bicyclette ainsi que Santé et joie de vivre par la bicyclette.

Selon les dossiers de la Ville de Montréal, l’entreprise Trans-Canada se serait chargée en octobre 1977 d’installer l’enseigne de Dumoulin Bicyclettes, artéfact que possède maintenant le Projet d’enseignes de Montréal. Cette date laisse présumer que c’est le deuxième propriétaire du l’établissement, M. Jean-Pierre Desnoyers, qui l’a fait mettre en place. M. Desnoyers a acheté le commerce de M. Dumoulin à cette époque et s’en est occupé jusqu’à la fin des années 1980. Il y a aussi raison de croire qu’a eu lieu en même temps l’installation de nouveaux bandeaux d’acrylique, accentués de néons, dans une superstructure existante datant des années 1950 ou 1960.

Bill Kovacevic, l’expert en la matière que consultent invariablement les partenaires du Projet d’enseignes de Montréal, affirme que la structure est typique des méthodes de fabrication du milieu du siècle dernier. Fait notable, le boîtier en tôle comporte un bâti inversé permettant de fixer les bandeaux – « à la manière des carreaux d’une fenêtre », explique M. Kovacevic. Animé par électromécanique, le néon de l’enseigne imite une roue de bicyclette en mouvement. C’est là un autre exemple de son exécution irréprochable… bien que M. Kovacevic souligne que les normes de sécurité actuelles, qui interdisent de placer un tube luminescent à même une surface plastique inflammable, ne sont pas respectées. Les ampoules vertes de 11 watts qui marquent le périmètre de l’enseigne étayent la théorie selon laquelle le boîtier serait antérieur à 1977. Au dire de M. Kovacevic, elles seraient également la preuve d’une conception au cours des années 1950 ou 1960.

La collection du Projet d’enseignes de Montréal s’est enrichie des bandeaux maintenant en sa possession lorsque les propriétaires actuels de Dumoulin, MM. Étienne Roy-Corbeil et Jean Lecompte, ont décidé de déménager leurs pénates en 2011. C’est David Lank qui nous a mis sur la piste de cette enseigne, et nous l’en remercions grandement. Ensemble, nous avons réussi à récupérer les deux faces de l’enseigne – une pour chacun! Malheureusement, nous avons dû renoncer au boîtier de métal et aux rangées d’ampoules décoratives. On remarque sur l’enseigne le lettrage très années 1960 qui compose le mot « Bicycles » ainsi que le travail artistique évident d’un « grand-bi » du XIXe siècle et d’un triporteur, mal dessiné mais bien représentatif des classiques vélos de livraison des dépanneurs montréalais. Selon M. Kovacevic, ces éléments sont peints au pistolet sur une base acrylique, par étapes : chaque couleur est apposée séparément, puis masquée pour permettre l’application d’une autre nuance. Si le tube luminescent qui semblait activer les roues du vélocipède de la Belle Époque a été plutôt malmené lors de la mémorable tempête de verglas de 1998, il reste en grande partie intact et bien en place. Somme toute, l’enseigne de Dumoulin constitue un merveilleux exemple de l’affichage commercial conçu localement au milieu du XXe siècle. La nuit tombée, de telles publicités lumineuses donnaient de l’animation aux rues montréalaises.

[Compte rendu de Steve Smith]